De la vitamine D pour aider un chiot à grandir ?
« Vitamine » est un mot magique. Dès qu’on le prononce, on imagine quelque chose de bénéfique pour la santé ! Sans doute parce que son étymologie signifie « élément chimique indispensable à la vie », on n’imagine pas qu’une vitamine puisse devenir dangereuse. Pourtant, comme tous les composants de l’alimentation, rien n’est inoffensif quand les apports dépassent les besoins…
Le cas de la vitamine D est intéressant. Cette vitamine est classiquement associée à la solidité des os et, dans l’esprit de nombreux parents, les suppléments d’huile de foie de morue restent encore la panacée pour prévenir les troubles de la croissance des enfants ! Logiquement, les propriétaires de chiots, en particulier de grandes races, ont tendance à vouloir aussi en donner à leur chien pendant sa croissance. C’est là que les ennuis peuvent commencer car un excès de vitamine D peut fortement nuire à l’équilibre du squelette…
Où trouve-t-on de la vitamine D ?
La vitamine D existe naturellement sous deux formes :
- une forme végétale, c’est la vitamine D2 aussi appelée ergocalciférol, car c’est dans l’ergot de seigle qu’elle a été isolée ;
- une forme animale, c’est la vitamine D3 ou cholécalciférol. Les sources les plus concentrées susceptibles d’être consommées par le chien sont les huiles de foie de poisson et les poissons gras : sardine, hareng, saumon, maquereau…
Quand faut-il donner de la vitamine D à un chiot ?
Les chiots recevant des aliments complets prévus pour la croissance, secs ou humides, reçoivent suffisamment de vitamine D : nul besoin d’en ajouter ! Seuls les chiens nourris avec des rations ménagères (viande + céréales + légumes) doivent recevoir des compléments vitaminés. Mais le besoin en vitamine D varie avec le taux de calcium de l’alimentation (si le calcium augmente dans la ration, le besoin en vitamine D diminue). Il est donc conseillé d’utiliser des compléments spécifiques pour chiens adultes ou chiots en croissance. Leur composition est étudiée pour couvrir tous les besoins minéraux et vitaminiques du chien, sans excès ni déséquilibre.
Comment un chien peut-il s’intoxiquer ?
La vitamine D a une structure chimique qui s’apparente à celle du cholestérol. Une ingestion excessive et régulière de vitamine D conduit à son accumulation dans les graisses de l’organisme : dans le tissu adipeux, le foie et les muscles. Plus le stockage est important, plus les effets toxiques peuvent se faire sentir. En moyenne, un chien adulte a besoin de 10 à 20 Unités Internationales ou UI de vitamine D par kg de poids, tandis qu’un chiot nécessite 22 UI de vitamine D par kg. Avec des présentations destinées à l’alimentation humaine, il arrive que des chiots reçoivent 20 000 à 40 000 UI / kg / jour ! Avec de tels excès, les signes de toxicité apparaissent en deux à trois semaines. Le chiot se met à boiter, ses articulations lui font visiblement mal, il n’accepte pas qu’on les lui touche… Si l’intoxication persiste, les membres ne tardent pas à se déformer et la croissance se ralentit. Encore plus grave, la vitamine D à forte dose provoque l’effet inverse de ce qu’on attend d’elle : au lieu d’aider le calcium à se fixer dans les os, elle stimule sa libération dans le sang. Le calcium tend alors à se déposer un peu partout dans l’organisme. Les tissus mous se calcifient progressivement. En se fixant dans les reins, le calcium perturbe l’élimination rénale.
Pas d’huile de foie de morue pour les chiots !
Selon le Centre National d'Informations Toxicologiques Vétérinaires (CNITV) de Lyon, une centaine de cas d’intoxication à la vitamine D ont été observés en 10 ans chez le chien. Il s’agit la plupart du temps d’intoxication accidentelle par ingestion de compléments vitaminiques ou de médicaments à usage humain.
L’intoxication suite à une automédication (cas du propriétaire qui donne à son chien le même complément vitaminique qu’à ses enfants) est cependant également possible.