Des acides gras oméga 3
On a coutume de considérer les matières grasses (ou lipides) comme des sources concentrées de calories et à leur faire la chasse dans les régimes amaigrissants, chez nous comme chez nos animaux de compagnie quand ils ont tendance à s’arrondir. Attention cependant à ne pas être trop sévère dans la restriction. Les graisses contiennent des acides gras dont certains sont indispensables à l’organisme pour fonctionner normalement.
Des acides gras oméga 3
Ne pouvant pas être synthétisés par les chiens et les chats, les acides gras essentiels (AGE) doivent absolument être apportés par l’alimentation, comme la plupart des vitamines. Une carence en AGE peut entraîner beaucoup de perturbations, en particulier au niveau de la peau et du pelage.
Acide gras essentiels : à quoi servent-ils ?
Les acides gras sont présents absolument partout : toutes les cellules du corps sont entourées de membranes dont la composition intègre des acides gras. Si l’alimentation n’apporte pas les « bons » acides gras, les différentes cellules remplissent moins bien leurs rôles respectifs car leurs membranes perdent leur fluidité.
Au niveau cutané, le rôle des AGE est particulièrement important : sans eux, l’épiderme perd son revêtement imperméable qui protège de la déshydratation, la peau devient sèche. Un bon apport d’AGE est aussi indispensable à la fabrication du sébum, cette cire naturelle sécrétée par les glandes sébacées et stockée à la base des poils. Le sébum rend les poils plus élastiques et plus souples et évite le feutrage. Un sébum de bonne qualité donne un aspect brillant au pelage. La production et la qualité du sébum sont influencées par l’alimentation.
Les acides gras font aussi partie de la structure de nombreux « messagers » cellulaires (hormones, médiateurs du système nerveux…), ces molécules permettant d’échanger des signaux qui orientent le fonctionnement des différents organes.
Conséquences d’une carence en acides gras essentiels
Un poil terne et une peau présentant une desquamation importante (avec présence de « pellicules ») peuvent être causés par un déficit en AGE. Sans correction du régime, la perte de poils s’accélère, la peau s’épaissit, le chien commence à se gratter et la peau devient irritée. Des bactéries peuvent alors profiter de l’occasion pour se multiplier localement et l’état général de la peau se dégrade très vite.
Un déficit en AGE peut s’observer avec n’importe quel type d’alimentation : avec des rations ménagères mal équilibrées (sans ajout d’huiles végétales) ou des aliments industriels de mauvaise qualité. Même si la formulation de l’aliment est correcte, une limitation trop importante des quantités distribuées peut entraîner une carence en AGE.
Tous les acides gras ne se ressemblent pas
Parmi les différentes familles qui existent dans la nature, deux sont importantes à considérer : celle des oméga 6 (Ω6) et celle des oméga 3 (Ω3). Il n’y a pas de transformation possible d’un groupe à l’autre chez les mammifères. A l’intérieur de ces deux familles, on distingue les acides gras en fonction de leur longueur : plus ils sont longs, plus l’organisme doit multiplier les réactions chimiques pour les fabriquer à partir des précurseurs apportés par l’alimentation. Apporter directement des acides gras à longue chaîne permet d’être plus directement efficace, surtout en cas d’affections qui perturbent la synthèse des acides gras : des problèmes pancréatiques ou hépatiques peuvent en effet limiter les synthèses chez certains animaux.
• les acides gras Ω6 sont très abondants dans la plupart des huiles végétales ; ce sont les huiles de pépins de raisins, de tournesol, de soja et de germes de blé ou de maïs qui sont les plus riches. l’acide linoléique, précurseur des acides gras de cette famille, représente plus de 70 % des acides gras de l’huile d’onagre, une huile peu connue extraite des graines d'une plante originaire de l'Amérique du Nord (appelée aussi primevère du soir). l’huile d’onagre est commercialisée essentiellement sous forme de gélules.
• les acides gras Ω3 se trouvent aussi dans les huiles végétales : l’huile de lin est riche en acide alpha-linolénique, le précurseur des autres acides gras Ω3, mais les huiles de colza et de soja en contiennent aussi une quantité non négligeable. les huiles de poissons des mers froides sont des sources très recherchées parce qu’elles apportent des acides gras à longue chaîne (EPA et DHA), les plus difficiles à fabriquer pour l’organisme. le caractère indispensable des acides gras Ω3 a été longtemps discuté mais il est maintenant admis par l’ensemble des scientifiques.
Seuls les végétaux terrestres et le plancton marin possèdent les enzymes nécessaires à la synthèse des acides linoléique et alphalinolénique, les précurseurs respectifs des deux familles d’acides gras. les chiens et les chats sont incapables de les synthétiser et sont donc dépendants de ce que leur apporte leur alimentation.
Un équilibre doit exister entre l’apport en Ω6 et Ω3. Rien n’est tranché de manière absolue mais une proportion respective de 5/1 à 10/1 paraîtrait optimale dans l’alimentation. La quantité absolue d’acide gras Ω3 compte aussi beaucoup et une complémentation en AGE est toujours bienvenue lorsque l’état de la peau laisse à désirer.
Des AGE utiles dans de nombreux troubles cutanés
Allergies, problème de séborrhée, poil terne, démangeaisons (…), les indications des AGE ne manquent pas, même si leur mécanisme d’action n’est pas toujours bien compris.
Diminuer l’inflammation chez les chiens allergiques
Chez la femme, on sait qu’une alimentation riche en AGE permet d’influencer favorablement le développement du système immunitaire des enfants nourris au sein et de limiter les problèmes d’allergie alimentaire. Une telle constatation n’a pas encore été faite chez les animaux mais des études montrent que l’absorption de suppléments d’acides gras Ω3 réduit l’inflammation cutanée chez les chiens qui possèdent un terrain propice aux allergies. Ces compléments peuvent éventuellement permettre de diminuer les doses de médicaments anti-inflammatoires nécessaires pour calmer les signes d’allergie. On constate que, parmi les chiens allergiques étudiés, ceux qui répondent le mieux à la supplémentation en AGE présentent aussi un taux plus élevé de ces acides gras dans le sang que les chiens ne répondant pas au traitement.
Les AGE agissent à deux niveaux différents en cas d’allergie :
• les Ω3 font diminuer l’inflammation : ce sont les acides gras à plus longue chaîne, EPA et DHA (extraits des huiles de poisson), qui sont reconnus les plus actifs dans ce domaine.
• les Ω6 aident à reconstruire une barrière cutanée efficace en rééquilibrant la composition du film lipidique superficiel. Il faut que la peau soit en bonne santé pour limiter la possibilité de pénétration des allergènes responsables des réactions allergiques.
Rééquilibrer la peau en cas de séborrhée
Les résultats des AGE sont très intéressants en cas de production excessive de sébum par la peau (séborrhée). Lors de séborrhée, les chiens souffrent souvent d’un déficit en acide linoléique au niveau cutané. Un apport alimentaire prolongé pendant plusieurs semaines d’huiles végétales riches en acides gras Ω6 diminue la séborrhée dans bon nombre de cas. Ces huiles peuvent aussi être appliquées localement : elles luttent contre la déshydratation cutanée qui caractérise les chiens et les chats atteints de séborrhée.
Il faut cependant faire attention à la qualité des huiles utilisées : les produits riches en acides gras insaturés sont très sensibles à l’oxydation. Il est également recommandé d’augmenter les quantités de vitamine E dans l’alimentation quand les quantités d’AGE absorbées sont importantes.