L’alimentation représente la 3e cause de manifestations cutanées chez le chien, après les allergies aux puces et la dermatite atopique, une maladie où la peau ne joue pas son rôle de protection naturelle. Une cause alimentaire est identifiée chez 1 à 10 % des chiens souffrant de troubles cutanés. De nombreux désordres digestifs sont également imputables à une allergie alimentaire mais la fréquence est plus difficile à évaluer.
Solutions nutritionnelles
On peut soupçonner une allergie alimentaire quand un chien présente des symptômes cutanés, (surtout des démangeaisons) ou digestifs (vomissements, diarrhée) après avoir consommé un aliment particulier. On ne peut cependant avoir la certitude qu’il s’agit bien d’une allergie que si ces signes disparaissent avec un changement d’alimentation, et reviennent lorsque le premier aliment est proposé à nouveau. Comme cette démarche diagnostique est rarement suivie jusqu’au bout, on parle généralement de « réaction d’intolérance alimentaire », sans préciser s’il s’agit d’une allergie au sens strict.
Suspectez une allergie alimentaire si…
• Votre chien appartient à une race identifiée comme « à risque » vis-à-vis des allergies alimentaires : shar peï, berger allemand, golden retriever, boxer, carlin, West Highland white terrier, bouledogues anglais et français, bull terrier… Comme chez l’homme, il existe des « terrains » allergiques. Les chiens exprimant une allergie alimentaire sont souvent les mêmes que ceux qui présentent des signes d’hypersensibilité cutanée : ils se grattent facilement et leur peau est souvent rouge et irritée. Plus la dermatite atopique apparaît tôt, plus le risque d’allergie alimentaire est important.
• Votre chien a moins d’un an lorsqu’il commence à montrer une intolérance alimentaire. Une allergie peut se développer à tout âge mais dans la plupart des cas, elle se manifeste chez des chiens très jeunes.
• Votre chien consomme le même aliment depuis plusieurs semaines à mois. Une allergie a besoin de temps pour s’exprimer : il faut que le système immunitaire du chien se sensibilise à des protéines (allergènes) particulières avant que les symptômes apparaissent. Si votre chien montre des signes anormaux juste après un changement d’alimentation, il s’agit sans doute simplement d’une intolérance alimentaire. Le système digestif du chien n’était peut-être pas adapté à la nouvelle composition de l’aliment ou celui-ci contenait une substance toxique qui a déclenché des manifestations indésirables. Ou, plus simplement, le chien a trop mangé !
• Les symptômes cutanés ou digestifs ne semblent pas revenir à un moment de l’année particulier. Si c’est le cas, il s’agit sans doute plutôt d’un autre type d’allergie (ex : au pollen).
Les aliments souvent incriminés
Une allergie n’est pas déclenchée par un aliment en général mais par la présence d’un type de protéine spécifique. Les allergies les plus fréquentes sont évidemment dirigées contre les protéines les plus couramment consommées par les chiens : les protéines de volailles et de boeuf sont les plus souvent impliquées mais les protéines contenues dans le lait, les oeufs, le soja et les céréales (ex : gluten de blé) sont aussi souvent citées.
Deux stratégies pour traiter une allergie alimentaire
Les régimes d’exclusion
Pour diagnostiquer et traiter une allergie alimentaire, la première stratégie consiste à écarter les protéines les plus couramment consommées par le chien. Comme celui-ci dépend entièrement de vous pour s’alimenter, il est plus facile de lui interdire la consommation de certains ingrédients que s’il s’agissait d’un enfant.
Le principe du régime à mettre en place au début repose sur l’obligation de trouver une source de protéines et une source d’amidon jamais mangées par le chien. Les régimes poisson /pommes de terre ou canard /tapioca sont ainsi souvent prescrits par les vétérinaires ! Un peu d’huile végétale complète le repas pour éviter les carences en acides gras et améliorer l’état de la peau du chien.
Ce type de régime, malgré sa simplicité apparente, peut cependant coûter cher, surtout s’il s’agit d’un grand chien. De plus, une alimentation aussi « basique » ne convient pas à des chiots qui ont besoin de minéraux et de vitamines pour leur croissance.
Les protéines hydrolysées
De nombreux aliments « hypoallergéniques » du commerce appliquent une seconde stratégie : ils incorporent des protéines dites hydrolysées. Ce sont des protéines qui ont subi un traitement enzymatique qui les fragmente en petits morceaux de manière à les rendre incapables de déclencher une réaction allergique.
Par rapport aux rations ménagères, les aliments à base de protéines hydrolysées présentent un meilleur équilibre nutritionnel et sont plus faciles à distribuer. En revanche, certains cas d’allergie alimentaire restent réfractaires à ce type de traitement nutritionnel.
Des résultats souvent rapides
Quand il s’agit bien d’une allergie, l’influence du nouveau régime se fait sentir en 3 à 10 semaines et l’amélioration de l’état du chien peut même être spectaculaire. Si aucun résultat n’est noté, il faut vérifier que toute la famille est bien informée de l’importance des précautions à prendre pour que le chien reste en bonne santé. Les enfants partagent-ils leur goûter avec le chien ? Celui-ci a-t-il l’occasion de manger ailleurs qu’à la maison ? Chacun doit veiller à éviter de donner au chien quelque chose contenant des protéines susceptibles de déclencher une réaction allergique telle que des friandises, lamelles à mâcher, dentifrices aromatisés, etc.