1. Articles
  2. Chats
  3. Santé
  4. Le chat et la douleur

Le chat et la douleur

Le chat et la douleur
© Shutterstock

Pourquoi le chat cache-t-il si bien qu’il a mal ? A-t-il hérité ce comportement de ses ancêtres sauvages, des félins solitaires qui savaient ne pouvoir compter que sur eux-mêmes pour s’en sortir lorsqu’ils étaient blessés ? Se sent-il vulnérable et cherche-t-il à s’isoler pour se protéger ? Est-il plus raisonnable que le chien et sait-il que le repos est sa seule chance de venir à bout de sa douleur ? Sans doute un peu tout ça à la fois.

Les signes qui ne trompent pas

Si votre chat ne vous demande pas d’aide, vous êtes cependant le mieux placé pour repérer sa douleur. Ne restez pas indifférent à un chat qui reste anormalement longtemps couché ou qui n’a plus envie ni de jouer, ni de se faire caresser. Cela cache probablement quelque chose et il existe maintenant des moyens de le soulager. Ne l’en privez pas !

Sachez reconnaître la douleur

Dans toutes les études faites à propos de la douleur chez le chat, on montre que les propriétaires consultent rarement parce qu’ils pensent que leur chat a mal quelque part. Cette découverte est le plus souvent fortuite. Lorsqu’ils souffrent d’arthrose, seulement 17 % des chats présentent une boiterie.

Un chat qui devient apathique

On pense souvent qu’avec l’âge, il est normal qu’un chat devienne moins actif. Certes, le chat âgé modère son activité physique mais il reste un félin et sa vie, c’est le mouvement. S’il ne bouge qu’à regret, c’est que quelque chose ne va pas.

Observez-le bien : est-il raide, surtout au lever ou au coucher, a-t-il du mal à se tourner pour se toiletter à l’arrière ? Estil capable de monter des marches facilement ou de sauter sur un fauteuil ? Dédaigne-t-il vos sollicitations pour jouer avec lui alors qu’il adore ce type d’interaction d’habitude ? Choisit-il maintenant de faire ses siestes à des endroits situés près du sol plutôt que dans des places en hauteur qu’il affectionnait avant ?

Des postures anormales

Couché ou immobile, un chat fascine généralement par sa souplesse, sa relaxation apparente… S’il garde les pattes tendues et raides quand il est couché sur le côté, il est peut-être en train de lutter contre une douleur interne.

De même, inquiétez-vous si un chat reste durablement sans bouger, le dos voussé, les postérieurs repliés sous lui, avec les oreilles tombantes et les yeux à moitié fermés. Cette attitude bossue est souvent observée après une chirurgie abdominale. Contrairement à ce que l’on croit, l’ablation des ovaires pour stériliser une chatte entraîne des douleurs après l’opération. Elles peuvent être aisément combattues avec un traitement anti-douleur adéquat.

Des réactions agressives

Le sentez-vous crispé ou tremblant quand vous le caressez, prêt éventuellement à se défendre d’un geste maladroit qui pourrait lui faire mal ? Comment réagit-il si vous le soulevez ? Gronde-til ? S’il tente immédiatement de fuir, de griffer ou de mordre alors qu’il acceptait auparavant sans problème d’être pris dans les bras, il ressent probablement de la douleur quand vous le manipulez. Plus ses réactions sont intenses, plus la douleur doit l’être également.

Des expressions faciales particulières

Regardez bien votre chat : il ne se plaint peut-être pas d’avoir mal mais la tête qu’il fait peut le trahir. S’il a les oreilles tombantes et les yeux froncés à moitié fermés, il y a fort à parier que quelque chose cloche. Chez un chat relaxé, les yeux ne sont pas plissés et les oreilles sont droites. Vous pouvez imaginer une ligne horizontale qui joint les bords extérieurs de ses deux yeux. Avec la douleur, les lignes tracées à partir de l’axe horizontal des yeux tendent plutôt à former un V.

Tous ces signes sont fortement évocateurs d’une douleur intense. Il faut trouver le moyen de rapidement venir en aide à votre animal.

Demandez à ce qu’on soulage sa douleur

Le chat présente des particularités physiologiques qui expliquent qu’on a mis longtemps avant de savoir soulager ses douleurs. Des médicaments couramment utilisés comme analgésiques chez l’homme ou chez le chien sont difficilement utilisables chez lui parce qu’il met très longtemps à les éliminer et que le risque de toxicité est toujours présent. Ne donnez jamais d’aspirine ou de paracétamol à votre chat, vous lui feriez courir un gros risque !

Un traitement anti-douleur après une opération

Les vétérinaires étaient autrefois (et sont encore parfois !) réticents à traiter la douleur chez un chat après l’avoir opéré, pensant qu’elle est moins importante dans cette espèce que chez le chien. On a aussi longtemps cru que si l’animal a mal, il bouge moins et risque donc moins de déchirer les tissus qui sont fragilisés après une intervention chirurgicale. Pourtant, un animal qui ne souffre pas se rétablit plus vite et présente moins de complications post-opératoires, plusieurs études l’ont montré de manière évidente. Quelques jours de traitement en sortant de la clinique soulageront très efficacement votre chat et abrégeront sa convalescence.

Des médicaments anti-inflammatoires pour chats existent

Certains anti-inflammatoires peuvent cependant être administrés au chat pendant des périodes très prolongées sans que cela menace sa santé. Chez les chats arthrosiques, on a montré qu’un traitement d’au minimum 6 semaines permet d’obtenir un très bon résultat. Avant de démarrer un tel traitement, il est cependant nécessaire de faire un bilan du fonctionnement des reins et du foie. Il faut que ces organes soient en bon état pour que les résidus des médicaments soient normalement éliminés.

Des effets secondaires sont toujours possibles lors de prescription d’antiinflammatoires mais leur importance doit être relativisée : des troubles digestifs se manifestent assez fréquemment mais ils sont la plupart du temps bénins et rétrocèdent généralement après quelques jours de traitement.

Importance de la nutrition

Le contrôle du poids est un élément majeur du traitement en cas de douleur articulaire : lutter contre l’excès de poids grâce à une modification du régime alimentaire contribue largement à faire diminuer les pressions sur les articulations douloureuses. Le rôle de la nutrition ne s’arrête pas là : l’intérêt d’une supplémentation avec des acides gras oméga 3 à longue chaîne (acide eicosapentaénoïque ou EPA) est maintenant suffisamment prouvé pour que cela puisse être conseillé systématiquement. D’autres compléments alimentaires visant à protéger le cartilage peuvent aussi être administrés.

Combattre la sédentarité

Quand un chat a mal, il a tendance à ne plus bouger et cela favorise le maintien de raideurs généralisées. L’ankylose peut s’installer dans certaines articulations. Même un chat arthrosique doit effectuer des mouvements pour s’assouplir, en adaptant son activité à ses limites physiques bien sûr.

Des méthodes de physiothérapie se développent actuellement en médecine vétérinaire : les techniques utilisées en rééducation fonctionnelle (hydrothérapie, ultrasons, électrostimulation…) ont certainement beaucoup à apporter au traitement des douleurs articulaires.

Votre pharmacien vous renseignera


Il est plus difficile de reconnaître la douleur chez un chat que chez un chien mais une observation attentive de votre animal vous permettra de repérer des signes discrets qui ne trompent pas. Les progrès faits en médecine en matière de soulagement de la douleur s’étendent à toutes les espèces animales. Faites-en profiter votre chat ! Les changements positifs que vous observerez dans son comportement pourront être spectaculaires.